Istanbul en automne

Nous déménageons à Istanbul en janvier 2008. Istanbul est la ville dans laquelle j'ai rêvé d'habiter depuis si longtemps. Mais comme tout rêve qui se réalise, il laisse un grand vide des sentiments. A quoi rêve-t-on quand le rêve est comblé? Et comme tout rêve qui se réalise, aux joies succèdent les peines et les angoisses. D'abord, il faut rapidement trouver un nouveau rêve, mais où en attraper un bon? Car il faut qu'il tienne, qu'il soit alimenté. Les sentiments sont désormais doubles, dérangeants. Excitation, peur. Envie, mais réticence de voir l'image positive de cette ville éventuellement éraflée par un quotidien difficile. Et comment vivre avec un bébé dans cette ville anarchique et toujours en mouvement?

Mais pas de recul possible. Et de toute les façons, l'épisode Dubai est clos. Bien sûr, il y a des choses que je vais regretter. Mes bons amis, le confort, notre maison et notre jardin. La piscine et la mer. Ma voiture. Le sentiment agréable d'enfin connaître cette ville et d'y avoir ses repères. Le quotidien. Mais il y an les côtés difficiles de la vie aux Emirats. La chaleur étouffante, l'humidité. Le trafic si dangereux. Le peu de professionnalité, partout. Les aberration du système, les projets gigantesques et qui font peur. La forte injustice sociale, les très riches,les très pauvres, luxe et précarité. Et l'artificiel, partout, partout, partout.

Notre voyage de reconnaissance a lieu à l'automne. Il fait doux à Istanbul. Nous apprécions les couleurs de l'automne, à Dubai, où il fait encore 28 degrés en novembre, elles n'existent pas. Nous logeons dans le quartier d'Ortaköy, au bord du Bosphore

Ortaköy est un quartier très animé, avec de nombreux cafés où l'on peut jouer au tavla (Backgammon) ou au okey, un jeu qui ressemble au rummy. Il faut être au moins trois pour y jouer. En hiver, les terrasses sont protégées et chauffées et les gens jouent tranquillement en buvant du thé et en regardant le Bosphore.

Le jeu de okey:

Il y a deux ans, l'été, j'avais passé un magnifique après-midi à Ortaköy avec mes amies turques. La partie de okey, par contre, je l'avais perdue!